Traversée des Pyrénées françaises à VTT par Christian Fargeix en solitaire
Ce matin je me déplie à 8 heures. J'entends les randonneurs qui partent. Mes affaires ne sont pas sèches, j'attends jusqu'à 10h30 pour partir à peu près sec. Le temps s'est arrangé il fait
soleil. en déjeunant, Christian passe quelques coups de fil pour me trouver un gîte pour ce soir mais sans résultat. Dans la journée j'appelle Nadia qui va me trouver une auberge à Massat, l'étape semble faisable au premier abord, on verra qu'au 2e rabord çà va se gâter! Christian me confectionne un
sandwich maison pour midi et me raccompagne sur le bon chemin à 300 m de son gîte. Je paye 33 € pour le total, çà fait pas cher le magret de canard aux cèpes d'hier soir! Je ne tarde pas à
dépasser les randonneurs partis eux aussi à Foix par le sentier cathare, et qui m'accueillent par de chaleureux encouragements. Le chemin est tantôt propre tantôt très boueux après les pluies
d'hier et le passage des mêmes cavaliers. Puis, après le passage du col de Touron et du col de Porte c'est la descente périlleuse sur Foix
, sentier en zigzag, boueux et caillouteux. J'y rencontre 2 randonneurs solitaires, un
anglais puis un allemand, chargés comme des mulets! J'arrive à Foix à 13h. Je m'installe au centre ville sur un banc public pour déguster un sandwich. Une jeune étudiante me prend en photo mais
ne réussit pas à mettre le vélo entier dans le cadre! Puis c'est l'assaut du col de Légrillou. De 390m il faut à nouveau monter à 1500m par la piste forestière de Pénitence, çà ne s'invente pas!
Jusqu'à 1400 m c'est agréable, le chemin est sec et en bon état. Soudain surprise: mon GPS m'indique qu'il faut bifurquer à gauche et à gauche pas de chemin! Je continue 2 km pour m'assurer qu'il
n'existe pas un autre chemin mais très vite je m'aperçois que ma trajectoire m'emmène dans une vallée mais pas sur le bon versant de la montagne.
Je décide donc de suivre la direction indiquée par mon
GPS et j'attaque la pente raide à travers forêt et broussailles jusqu'au sommet de la montagne, poussant et tirant le vélo. J'y débusque un magnifique chevreuil. Au sommet, ouf, je sors de la
forêt et découvre une vue fantastique sur les Pyrénées. Un panneau indique que je suis au Roc Blanc, altitude 1530m. Il est 19h30, je suis à 15 km de Massat, le temps est beau, l'herbe est verte
et moelleuse, seuls les clochettes des troupeaux en estive et le chant du rossignol (que j'entendrai toute la nuit) viennent tempérer la quiétude de ce petit coin de paradis. Je n'y résiste pas
(de toute façon vue l'heure je n'ai pas le choix) je plante la tente!
J'ai faim mais je devrai me contenter d'une tranche de pain qu'il me reste et d'une tasse de sport'dej.
Heureusement j'ai fait le plein d'eau dans un petit torrent dans la montée, je tiendrai le coup jusqu'à demain matin. A la tombée de la nuit j'entends une bramée (mot que vous ne trouverez que
dans le dictionnaire auvergnat) que j'attribuerai à un cerf bien que çà ne soit pas la saison du brame, à moins que ce ne soit l'ours, c'est fabuleux, je crois rêver! Je m'endors bercé par le
chant de la chouette hulotte. La seule chose qui troublera mon sommeil c'est la fraîcheur, je devrai enfiler mon sweat au beau milieu de la nuit. Aujourd'hui j'ai franchi le cap des 300 premiers
km, soit 1/3 du parcours.