Il me reste 160 km, j'ai décidé de les boucler en 3 étapes plutôt que 2 fois 80 ce qui me permettra d'éviter le stress de la montre, je ne suis pas venu pour çà! je me lève quand même à 6h15 avec
quelques courbatures suite à la journée d'hier trop longue. Donc objectif St Jean Pied de Port
55 km. Après le petit dej à 7h je reprends les 5 km de route qui me ramènent à Licq, vrai départ de l'étape. C'est d'abord une petite route qui se transforme rapidement en chemin de bonne qualité
certes mais qui comme dab...grimpe, grimpe! je prends réellement mon temps ( pauses, photos, petit plateau grand pignon) et j'arrive frais au premier col de la journée à 990m (Licq est à 260m).
Le temps est gris et venteux mais pas de pluie, il en est annoncé pour ce soir, on verra. je redescends à 500m et casse la croûte au bord d'un chemin. Je vérifie mes plaquettes: mortes à
l'arrière. Je les remplace sur le champ puisque je les ai en stock! Je manque d'eau mais j'évite de consommer
l'eau des ruisseaux de basse altitude, trop de risque de pollution. Les habitations sont rares, je trouve une maison isolée, je frappe, une personne avec un fort accent hollandais sort de sa
sieste et me fait gentiment le plein d'eau. Le chemin empierré monte jusqu'à 1000m puis une petite route
bordée d'un précipice prend le relais. pour la première fois j'ai le vertige et je roule à gauche, mais pas de danger, aucun véhicule! Les troupeaux sont nombreux: vaches sur la route, moutons
mérinos, c'est un concert de cloches incessant.
Le paysage est totalement différent d'avant: herbe rase, pas de végétation à perte de vue. Plusieurs Kms sur les crêtes avec belle vue sur les hautes
Pyrénées déjà derrière moi et devant le col d'Organbidexa bien connu des ornithos , célèbre pour le passage des oiseaux migrateurs et les affrontements entre chasseurs et protecteurs de la
nature. J'attaque la descente par la D117, çà descend très fort sur 10 km, les disques surchauffent, je les refroidis avec de l'eau, çà fume! les vautours fauves pullulent et passent très près de
moi c'est fabuleux. J'arrive dans une plaine parsemée de petits villages aux noms compliqués et écrits en français et en basque sur les panneaux. 6km avant St Jean je m'arrête prendre un petit
café, j'aurais pas dû! A 3 km de l'arrivée je me prends un bon orage , j'arrive trempé à St Jean à 18h. J'entre à l'OT pour demander où sont les gîtes.
D'après eux il n'y en a qu'un
(tiens j'en avais répertorié 4!), la fille appelle c'est bon y'a de la place, ce qui n'était pas évident vu le nombre de "pèlerins" pour St Jacques de Compostelle qui foisonnent dans le coin. la
ville est très touristique et pleines de commerce de souvenirs, je pense fort à ma femme qui adore çà. Le gîte est sommaire, pas de bouffe mais pas cher, 14 € avec le petit dej. Je prends une
douche chaude après la froide que j'ai prise sur le vélo et prépare mon barda pour demain et mon lit pour ce soir, puis mon sac à dos sur l'épaule avec toutes mes affaires de valeur (y'a beaucoup
de monde ici!) je pars arpenter les rues de St Jean avant de m'installer dans un restau où je mange une brandade de morue avec pas beaucoup de morue et une île flottante correcte. Le soleil
réapparaît, il fera beau demain, y'a pas de raison. A 9h30 je suis au lit après une étape agréable et sans surprise.